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Confinement... J2

  • Photo du rédacteur: Clémentine Verdier
    Clémentine Verdier
  • 18 mars 2020
  • 3 min de lecture

En ce 2ème jour de confinement, tant demandé et qui portera nécessairement ses fruits malgré les sacrifices qu'il impose, je partage ce très beau texte de David Geselson.

Nous sommes en paix. C’était lundi 16 mars 2020, Emmanuel Macron répétait, face caméra, l’œil déterminé et froid : nous sommes en guerre ; nous sommes en guerre ; nous sommes en guerre ; nous sommes en guerre ; nous sommes en guerre ; nous sommes en guerre. Est arrivé ce moment où j’ai pensé aux enfants : entendent-ils ces mots ? Vont-t-ils penser que des avions de chasse sont en passe de voler à travers la ville ? Que des hommes armés de fusils mitrailleurs sont en chemin pour cribler nos fenêtres de balles explosives afin de nous tuer ? Des chars d’assaut sont-ils en train de lever leurs canons vers les ennemis d’en face ? Des bombes à fragmentation vont-elles être larguées dans les rues ? Et puis j’ai eu honte. Nous sommes en paix. La pandémie que nous traversons est le résultat d’une révolte de la nature contre un ennemi devenu idiot : nous-même. Nous sommes en paix. Monsieur Macron, il est vraisemblable que vous ayez choisi le langage de la peur pour une raison simple : vous pensez que la peur unit. Je ne vous apprendrai pas que la peur divise. Et que la guerre détruit, arrache, fais table rase, déchiquette les corps de femmes et d’enfants à coup de machettes, étouffe à coup de bombes au Chlore, explose des cerveaux avec des rafales de Kalachnikov, ouvre des corps en morceaux, viole, frappe, et brûle. Demandez à nos frères et sœurs Syriens, Yéménites, demandez à nos armées au Sahel, à nos grands-parents d’Allemagne et de France, à nos grand-mère Espagnoles, Italiennes, Vietnamiennes, Chinoises et Rwandaises : toutes et tous vous diront que la Peste n’est pas la guerre. Et que la guerre ne permet pas de rester dans la chaleur de son foyer. Ils vous diront que la Peste est la Peste. Si l’on use du langage de la guerre pour se faire comprendre du plus grand nombre, alors il faut s’attendre à ce que la guerre devienne le langage de chacun pour se faire comprendre de tous. Nous sommes en paix. Mais les humains sont devenus avec le temps des soldats luttant contre une nature sauvage. Nous nous sommes fait la guerre à nous-même. Nous sommes la nature sauvage. Il est temps de faire la paix. Et d’user de son langage. Il est urgent de déposer les armes de la peur pour user de celle de l’intelligence et de la beauté. Le 16 mars 2020 entrera dans l’histoire comme le jour d’une nouvelle déclaration de guerre.Mais vous auriez pu faire de ce jour un autre possible :

« C’est l’histoire d’un homme qui tombe malade. Le virus que nous avons nommé Covid-19 est entré dans son corps et menace de le tuer par étouffement. Il entre à l’hôpital. Aujourd’hui, il peut être soigné. Demain, non. Il n’y a pas assez de médecin, pas assez de lits, pas assez de respirateur artificiel. Cet homme c’est vous. Votre enfant. Votre mère, votre père, votre amour. Nous sommes en paix. Et parce que nous sommes en paix, nous avons pour le moment une solution pour que vous ne mourriez pas étouffé dans le couloir d’un hôpital : restez chez vous, c’est l’unique façon que vous avez de ne pas vous tuer ou de tuer vos proches. Ainsi vous ne disséminerez pas le virus. Si vous ne le faites pas, nous savons que des centaines de milliers de femmes et d’hommes mourront étouffé, en France, dans les semaines à venir. Puis plusieurs millions dans le monde. Nous pourrions nier leur mort, nous l’avons fait par le passé. Mais nous croyons aujourd’hui que la nature nous a donné une chance de maintenir la paix. Nous allons le faire, et pour cela il nous faut commencer immédiatement. Restez-chez vous. Nous allons trouver des lits, des respirateurs artificiels, nous allons sauver vos amours et vos enfants à venir, et nous allons user de nos forces pour imposer la fin de la guerre que les hommes mènent contre eux-même. Nous pouvons le faire, parce que nous sommes un pays très riche et très privilégié, et que nous sommes pour encore un tout petit temps, ici, en paix. Demain il sera trop tard. Nous croyons que la lumière est plus forte que l’obscurité. Nous sommes en paix.» C’est ce que ce 16 mars 2020 aurait pu être : le premier jour d’une déclaration de paix. 18 mars 2020. Nous sommes en paix. Imposons-la.


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