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Premières armes

de David Mambouch

mise en scène Olivier Borle

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Scénographie Benjamin Lebreton

Lumières Vincent Boute

Costumes Thibaut Welchlin

Son Laurent Dureux

Coiffures, maquillage Nathalie Charbaut

 

Avec : Stéphane Bernard, Laurence Besson, Olivier Borle, Jeanne Brouaye, Philippe Dusigne, Gilles Fisseau, Laure Giappiconi, Damien Gouy, David Mambouch, Clément Morinière, Jérôme Quintard, Julien Tiphaine, Clémentine Verdier

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Rôles : Petite fille

             Prün

             Constance

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Création : 31 mai 2007 au TNP Villeurbanne

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NOTE DE L’AUTEUR

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours écrit en cachette. J'écrivais, écolier, en marge de mes cahiers d'étude. J'écrivis, comédien plus tard, en coulisses de différents spectacles. Le rire de mes camarades légitimait, enfant, mes chefs-d'oeuvre. Il en va de même aujourd'hui, j'écris pour mes copains. Inexorablement, ces conditions devinrent procédés, sujets d'écriture, voire, sur un plan purement personnel, obsession.

En mai 2006, Christian Schiaretti me passa commande d'une pièce pour la troupe. J'eus soudain l'impression qu'on avait découvert ma cabane au fond des bois. Je suis membre de la troupe permanente du TNP depuis septembre 2004, j'ai donc passé une certaine partie de mon temps, ces dernières années, à écouter, tapi dans la coulisse ou fumant dans ma loge, transmis par les « retours » au soupir près, les textes d'immenses auteurs. Nous répétions et jouions Brecht, Strindberg, Shakespeare, Molière. Rentré le soir chez moi j'écrivais, leurs mots plein les oreilles et la bouche. En passant cette commande, Christian avait légitimé ces heures clandestines. Cerise sur le gâteau, mon ami, mon camarade de plateau Olivier Borle en assurerait la mise en scène. J'allais écrire pour les copains.

Il fallut rapidement imprimer les programmes de saison, et l'on me demanda quel serait le titre de la pièce. J'improvisai Premières Armes, conscient de l'extraordinaire opportunité qui nous était donnée ici de faire les nôtres.

Trois soldats oubliés aperçoivent d'étranges créatures dans le ciel. Un obscur Numérologue a bien du mal à garder ses terribles secrets. Trois petites filles récitent des comptines tout sauf innocentes. Un roi joyeusement mythomane cherche un héritier à son royaume. Une concubine japonaise ourdit de sombres complots de meurtre. Trois putains jouent la comédie dans les bois. A défaut d'un résumé fastidieux, voici quelques-uns des nombreux personnages de la pièce, une comédie épique, qui traite les thèmes de l'illusion et du théâtre dans un univers où conte et fantaisie ne sont que le masque bon enfant, le rire fou sous lequel l'auteur dissimule mal son éternelle angoisse : ne jouons-nous pas tous dans une vaste pièce de théâtre ? Et si oui, quel est donc cet énigmatique étranger, unique spectateur de la salle, metteur en scène laborieux, les yeux rougis de larmes, parfois pris d'une étrange hilarité, moins honteux qu'horrifié ?

Je me souviens, lorsque nous jouions Coriolan, de mes camarades de loge assistant à la réécriture de nombreuses scènes. La chose était pour moi nouvelle et, disons-le, encourageante. J'ai pensé Premières Armes comme une boîte à secrets ; la pièce est une suite de trappes, de cloisons dérobées ; une vaste coulisse du TNP.

David Mambouch, 15 mars 2007

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AUTOUR DE LA MISE EN SCÈNE

Vinrent trés vite les certitudes que David et moi devions travailler ensemble et que s’il écrivait un texte pour la troupe, j’en assurerais la mise en scène. Moins par légitimité artistique que par désir et complicité. Christian Schiaretti me souffle : « Dans une troupe, le comédien qui, à un moment donné, met en scène ses partenaires n’est pas forcément celui qui se sent le plus l’âme d’un créateur, c’est surtout le bon camarade, celui qui va rallier les énergies, celui qui nettoie la salle avant la répétition. » 
Bon. La décision est prise, je mettrai en scène Premières Armes. A cet instant, je n’ai pas encore lu le texte, il n’est pas écrit. L’été passe. David écrit plus de milles pages. Il condense en soixante-douze, me les fait lire. Angoisse réciproque : « Vais-je comprendre ? » 
« Aimera-t-il ? » Les certitudes originelles ne se démentent pas. Joie commune: « J’adore ! » 
« Il a compris ! » 
Alors ma tâche commence. A deux d’abord. Travailler avec le comédien-poête. Pas un mot de ma part sur le style, sur la forme. Je prends tout. Nous travaillons sur le fond, l’intrigue, les personnages. Sans heurts. De manière cohérente, évidente. L’enthousiasme est notre carburant. 
Et l’équipe se constitue. Les acteurs d’abord : la troupe, évidemment, plus quelques compagnons fidèles. Puis les autres membres de l’équipage, un vieux complice scénographe, un costumier talentueux, un éclairagiste pour qui les mots « Premières Armes » ont un sens très concret, un régisseur, camarade du quotidien, qui créera la bande son. Et toute l’équipe du TNP qui soutient le projet, un peu curieuse mais enthousiaste, fermement décidée à défendre la mise en scène maison des « jeunes de la troupe ». Avec, évidemment, l’ombre bienveillante du capitaine du navire qui, du fond de la salle, attentif et distant, regarde les jeunes qu’il a réunis se débrouiller, pour une fois, sans lui. 
Toute cette équipe avec moi et moi en face de ce texte. Nouveau, puissant et drôle, épique. 
Ce texte qui me toise du haut de ses trente personnages, de ses neuf jours, de ses spectres, ses châteaux et ses forêts. Ce texte qui me toise et me tend les mains : 
« nous vous appartenons, nous sommes tout à vous, ô voleur inspiré et consciencieux. » 
« Mettre en scène, c’est traduire »

« La vérité est plus dans les jambes de l’acteur que dans l’oeil du metteur en scéne » 
« Assassiner le metteur en scène » 
« Méfions nous de soyons-obscurs-pour-être-profonds, en plein midi la lumière est aveuglante. » 
« C’est important le savoir-faire mais ce qui compte, c’est le désir, la force du désir. » 
Relectures. Travail de mémoire. Des phrases résonnent. Vitez. Vilar. Schiaretti. D’autres. Puis j’y vais. On y va. Hauts les c oeurs ! Gais et hardis ! Joie et honneur ! Pax tibi et fuck the queen !

Olivier Borle

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Dates : du 31 mai au 2 juin 2007 au TNP Villeurbanne

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Photos Christian Ganet et Benjamin Lebreton

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